Estampe et Japonisme
Vincent van Gogh,
La Courtisane (d'après Eisen), 1887
Pour les artistes occidentaux le Japon a longtemps fait partie d'une Asie rêvée, Extrême-Orient lointain, exotique, inaccessible et fantasmé.
Avec l'ouverture progressive du pays, sous le règne de l'Empereur Meiji (1852-1867-1912), les productions artistiques japonaises connaissent une diffusion sans précédent. Les estampes, objets de papier aisément transportables, sont l'objet de toutes les attentions des Européens, qu'ils soient de simples voyageurs, des collectionneurs éclairés ou des artistes.
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L'estampe ukiyo-e, par ses dimensions multiples, véhicule une image particulière du Japon : document culturel, parfois témoignage social, image populaire, œuvre d'art, née d'une technique particulière... elle nourrit en Europe une esthétique fortement imprégnée de la culture du Japon.
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La grande vogue du «â€¯japonisme », selon le mot attribué au critique et historien de l'art Ernest Chesneau (1833-1890) touche ainsi les arts décoratifs, l'architecture, et naturellement l'art pictural.
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Parmi les artistes occidentaux, des peintres comme James Whistler, James Tissot, Fantin-Latour, Édouard Manet et Claude Monet sont des collectionneurs assidus d'estampes. Ces artistes font connaître les œuvres d'Hokusai, Hiroshige et Utamaro, pourtant assez mal considérés au Japon.
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Pour les contemporains japonais, l'estampe est avant tout un art d'essence populaire, comme l'explique Hélène Bayou (opus cit., p. 156):
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« S’il est bien un versant de l’art pictural et de la création graphique japonais dont le propos s’inscrit clairement dans une tentative de captation du quotidien dans ce qu’il a de plus évanescent, dans une attention à l’infime érigé en raison d’être, c’est précisément le courant dit ukiyo-e, littéralement "images du monde flottant". »
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Pour les artistes des avant-gardes européennes, le goût pour ces représentations traduit aussi le désir de s'écarter de la tradition classique et de l'académisme des Beaux-Arts en Europe.
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Les estampes se vendent en grand nombre en Europe, par exemple à Paris dans les galeries de Siegfried Bing, fréquentées par Vincent van Gogh. Elles sont diffusées par des ouvrages d'art et des publications plus populaires.
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Les influences japonisantes marquent les œuvres des Impressionnistes, des artistes Art-Nouveau, et leur inspirent de nouvelles pratiques. Certains, comme James Abbot McNeill Whistler (Variations en violet et vert, 1871), transposent l'atmosphère des estampes dans leurs œuvres. D'autres, comme Mary Cassatt (La Toilette, 1890-91), s'approprient complètement la technique japonaise de l'estampe et réalisent des œuvres véritablement syncrétiques.
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L'influence des productions d'estampes se lit parfois au travers de citations littérales de ces œuvres. C'est le cas dans le Portrait d'Émile Zola, par Édouard Manet (1868) où une estampe (Le Lutteur Onaruto Nadaemon de la province d’Awa par Utagawa Kuniaki) se distingue nettement à côté d'une reproduction de l'Olympia de Manet. Dans La Courtisane (1887), Vincent van Gogh reprend une figure de femme à une estampe de Kesaï Eisen, qui avait été reproduite dans Paris illustré en 1886
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Sources consultées :
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- Contributeurs de Wikipédia, "Japonisme," Wikipédia, l'encyclopédie libre, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Japonisme&oldid=158141942 (Page consultée le 14 avril 2019).
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- Bayou Hélène, « Du Japon à l’Europe, changement de statut de l’estampe ukiyo-e. », in Arts asiatiques [en ligne], tome 66, 2011. pp. 155-176.
URL : http://www.persee.fr/doc/arasi_0004-3958_2011_num_66_1_1759
- Breton Jean-Jacques, « Japonisme », in Breton J.-J., Les 100 mots de l'impressionnisme [en ligne], Paris, Presses Universitaires de France, 2019, pp. 5-111.
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- Korchina Natalia, « Van Gogh and Japan: the fascination that changed Vincent's style », in Artchive [en ligne], consulté le 14 avril 2019.
URL : https://arthive.com/news/3304~Van_Gogh_and_Japan_the_fascination_that_changed_Vincents_style
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