
Histoire
Cet art graphique débute durant l'époque Édo (1603-1668), le mouvement prend le nom de l'Ukiyo-e qui signifie "image du monde flottant". À cette époque l'Ukiyo-e se démocratise et se concentre sur des thèmes qui plaisent tels que les courtisanes, les lutteurs de sumo ou encore des scènes érotiques mais elle est jugé vulgaire pour ses thèmes de la vie courante et sa production de masse.
Durant l'époque Meiji (1868-1912), le Japon s'ouvre à l'Occident et l'ukiyo-e plaît beaucoup à ce nouveau public et elle va également s'occidentaliser.
Kiyochika Kobayashi, en est le meilleur exemple, il étudie les techniques de la photographie et de la peinture qu'il mélange avec les techniques traditionnelles de l'ukiyo-e.
Mais la photographie après avoir profité à l'estampe va finalement la supplanter, les graveurs et dessinateurs ne parviennent pas à se renouveler et doivent laisser la place à la modernité venue d'occident.
Cependant vers 1905, Shozaburo Watanabe est parfaitement au fait de l'attrait exotique de l'ukiyo-e aux États-Unis et en Europe mais il sait également que les artistes de l'estampe ne sont pas reconnus pour leur talent au Japon. Il va alors prendre l'initiative de totalement renouveler le style de l'estampe, les thèmes restent ceux de l'ukiyo-e mais acquièrent une nouvelle sensibilité moderne influencée par l'Occident tout en restant localisés au Japon avec des imprimeurs et graveurs japonais. Le romantisme de ses nouvelles estampes séduit les étrangers. On appelle ce nouveau style "Shin Hanga" ("Nouvelle gravure").
En 1923, les ateliers de Watanabe à Tokyo sont détruits puis la crise de 1929 et enfin la guerre mondiale vont ralentir la production et le gout pour ces esthétiques et il va se concentrer sur une clientèle japonaise mais les affaires reprennent après la guerre et même après sa mort sa galerie continue de vendre des estampes.
La technique de l'estampe, fondée sur un procédé de xylogravure polychrome, se perfectionne depuis l'époque Edo jusqu'à son apogée au cours du XIXème siècle. L'estampe est au cœur du mouvement ukiyo-e.
Selon les mots d'Hélène Bayou, « L’estampe est depuis longtemps en Occident comprise comme le produit d’une collaboration active et étroite entre quatre intervenants d’égale importance : l’éditeur, l’artiste, le graveur et l’imprimeur, définis depuis Tijs Volker et ses écrits en 1949 comme le "quartet ukiyo-e" » (opus cit., p. 162).
On distingue généralement plusieurs intervenants dans la production d'une estampe, chacun possédant des techniques propres :
L'artiste, c'est-à-dire le créateur de l'image représentée, réalise un dessin préparatoire, appelé shita-e ; ce dessin sert ensuite au graveur, qui le colle sur une planche de bois. Le dessin est généralement détruit au cours de la gravure de la planche, effectuée par l'artisan à l'aide des outils de son métier, des gouges (maronumi). Seules les parties blanches sont gravées, en creux, pour révéler le dessin.
Le savoir-faire du graveur est primordial pour le résultat final : de la qualité de son travail dépend celle des estampes qui seront imprimées à partir de cette matrice en bois.
Cette première matrice, dite "planche de trait", sert à reproduire le dessin de l'artiste : ces premières épreuves sont à leur tour collées sur de nouvelles planches afin de graver les parties colorées. Pour chaque couleur, le ou les artisans doivent graver une nouvelle planche.
Ces planches servent ensuite à l'impression de l'ukiyo-e. Un autre artisan, l'imprimeur, réalise une série d'estampes : il encre les matrices, y place la feuille, et l'imprime en la frottant avec un tampon de bambou (baren)? L'imprimeur s'assure que les différentes planches sont bien positionnées grâce au kento. La superposition des couleurs et du trait doit être parfaite.
Les estampes sont ensuite vendues par l’éditeur. Le travail d'un même artiste donne souvent lieu à la parution de recueils d'estampes, dont les collectionneurs européens sont particulièrement friands.
Il est intéressant de noter qu'au début du XXème siècle, certains artistes japonais, marqués par les conceptions européennes de l'art, souhaitent rompre avec la conception traditionnelle de la production d'estampes : ils forment le mouvement Sōsaku hanga ("estampe créative"), dont les artistes veulent maîtriser toutes les étapes techniques de production.
Itō Shinsui, Miroir à main, 1954.
La vidéo ci-dessous montre les étapes de l'impression d'une estampe polychrome par un artiste contemporain. Malgré sa brièveté et l'absence de narration, elle permet de visualiser avec beaucoup de précision les gestes caractéristiques d'un artisan/artiste estampeur.
Sources consultées :
- Contributeurs de Wikipédia, "Ukiyo-e" (notamment § 7. Technique de l'estampe ukiyo-e) Wikipédia, l'encyclopédie libre, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ukiyo-e&oldid=158023385 (Page consultée le 21 avril 2019).
- Contributeurs de Wikipédia, "Sōsaku hanga" Wikipédia, l'encyclopédie libre, https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=S%C5%8Dsaku_hanga&oldid=153632546 (Page consultée le 2& avril 2019).
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